Page:Gunnell - Stendhal et l’Angleterre, 1909.djvu/223

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INFLUENCE DE LA LITTÉRATTURE ANGLAISE 205 sortes de sentiments qui supposent toujours un peu d’illusion (1). Il ne lui propose le mariage que lorsqu’à la suite d’une légère imprudence qu’elle commet, il la voit irrémédiablement compromise, et dès ce moment ses humeurs noires, ses silences, ses bizarreries redoublent, jusqu’à ce qu’enfin, poussé à bout par l’idée qu’Armance ne l’aime que pour sa fortune, il échappe par le suicide à une situation insoutenable. Dost thou ask what secret woe I bear corroding joy and youth ? In pity from the search forbear. avait écrit De Latouche en tète de son roman ; et Octave et Swift de répéter avec lui la même supplica- tion piteuse, obsédés toute leur vie d’une même crainte, qui finit par fausser leur caractère et détruire leur bonheur. Il est curieux de constater que c’est aussi un livre anglais, le Journal d’un Soldat du 71e régiment, qui a suggéré à Stendhal l’idée de la fameuse description de la bataille de Waterloo, qui se trouve dans la Char- treuse de Parme (2). Ce journal fut écrit par un simple


1. Armance, p. 118. 2. Sainte-Beuve. Causeries du lundi, 9 janv. 1854. «II existe en anglais un livre qui a donné a Beyle son idée : ce sont les Mémoires d’un soldat du 71e régiment, qui a assistée la bataille de Vittoria sans y rien comprendre, à peu prés comme Fabrice assiste à celle de Wa- terloo en se demandant après si c’est bien à une bataille qu’il s’est trouvé et s’il peut dire qu’il se soit réellement battu. Beyle a combiné avec les souvenirs de sa lecture d’autres souvenirs personnels de sa