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206 STENDHAL ET l’ ANGLETERRE soldat, qui assiste à la bataille de Monte-Video, fait en- suite la campagne du Portugal, prend part aux batailles de Fuentes de Honore, de Vittoria, de Bayonne, de Toulouse et, finalement, à la journée de Waterloo. Enrôlé à seize ans dans l’armée, sans expérience mili- taire, sans expérience, du reste, d’aucune sorte, n’ayant jamais « passé une nuit loin du toit paternel », le soldat écossais ressemble fort à Fabrice par son ignorance, mais la ressemblance ne va pas plus loin. Il ignore le bel enthousiasme pour Napoléon qui enflamme l’autre, le feu sacré ne l’a pas touché, mais triste et découragé, au désespoir d’avoir manqué son début dans un théâtre d’Edimbourg, il s’en va à l’armée, parce que, somme toute, il aime mieux cela que se suicider. Mais si Stendhal ne dépeint pas son héros d’après le soldat écossais, il lui prend sa façon de décrire une ba- taille. Le Journal de Tom n’est que la simple notation de ce qu’il a vu. Il raconte son histoire avec simplicité, et c’est l’histoire des marches longues et pénibles sur la neige rougie par les pieds blessés des soldats, des nuits pendant lesquelles les hommes meurent de faim −−− jeunesse, quand il partait à cheval de Genève pour assister à la ba- taille de Marengo. » Le litre exact n’est pas, comme dit Sainte-Beuve, Mémoires d’un soldat du 71e régiment, mais Journal of a Soldier of Ihe 71st or Glasgow régiment Uighland Light Infantry, from 1806 to 1815 (Edinboro, 1819). Comme Sainte Beuve n’a fait qu’indiquer le livre, et qu’aucun autre critique n’a été plus avant là-dessus, il n’est pas sans intérêt d’exa- miner avec attention de quoi Stendhal est redevable au récit du soldat écossais.