III
le roi fou.
Le bruit de l’assassinat du duc d’Orléans se répandit le lendemain dans Paris ; les partisans de celui-ci, Tanneguy Duchatel entre autres, voulaient faire chasser le duc de Bourgogne de Paris et lui déclarer guerre franche et ouverte.
Les uns étaient d’avis d’employer un moyen plus prompt, l’assassinat ; le crime qui punit un crime n’est pas un crime.
D’autres voulaient au contraire mettre le feu à la ville ; enfin le peuple faisait tout ce qu’il fallait pour ne réussir à rien, flottant entre le crime et la vertu, entre son intérêt et l’honneur, deux mots également absurdes, dit Montaigne, l’un égoïste, l’autre conventionnel.
Vers les 3 heures d’après-midi, le Parlement se rassembla. Le roi, ce jour-là, n’avait pas eu de crise, l’enfant n’avait pas crié, l’idiot dormait encore.
Le président lut le procès-verbal et les détails du meurtre de la nuit.
Le roi se leva, la lecture à peine finie, et se dressant de toute sa hauteur sur son fauteuil, il parut calme et tranquille ; il voulait parler, sa voix tremblait.
— Messieurs, dit-il, il y a trop longtemps que de pareils troubles ébranlent notre trône sans que nous n’y portions notre main royale. Cet homme masqué qui a assassiné notre beau cousin d’Orléans, c’est le félon Jean sans Peur ; il vient jusque dans notre royaume porter sa soif de sang, son désir de carnage. Eh mon Dieu ! est-ce qu’il n’a pas assez de sa Bourgogne pour