Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, I.djvu/5

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bras d’or, il s’appuyait sur une énorme massue que le bâton tortueux avait pourtant abîmée ; la massue, c’était la raison.

IX

Et tous deux se battaient vigoureusement, et enfin le vieillard succomba. Je lui demandai son nom.

— Absolutisme, me dit-il.

— Et ton vainqueur ?

— Il a deux noms.

— Lesquels ?

— Les uns l’appellent : Civilisation, et les autres : Liberté.

X

Et puis Satan me mena dans un temple, mais un temple en ruines.

XI

Et le peuple fondait des cercueils pour en faire des boulets, et la poussière qui y était s’envolait de dépit ; c’est que ce siècle-là, c’était un siècle de sang.

XII

Et les ruines restèrent désertes. Et un homme, un pauvre homme en guenilles, à la tête blanche, un homme chargé de misère, d’infamie et d’opprobre, un de ceux dont le front, ridés de soucis renferme à vingt ans les maux d’un siècle, s’assit là au pied d’une colonne.

XIII

Et il paraissait comme la fourmi aux pieds de la pyramide.

XIV

Et il regarda les hommes longtemps, tous le regardèrent en dédain et en pitié, et il les maudit tous ; car ce vieillard, c’était la Vérité.