… sur ceux qui en usent ! sur ceux qui la prêchent ! Des fruits de la terre, du lait caillé, du blé cuit sous la cendre, tels étaient les aliments des premiers hommes ; il faut vivre comme eux pour remonter à l’innocence.
Avant leur chute, Adam et Ève se regardaient sans voiles.
Doux comme les agneaux, nous allons nus par le monde.
Femmes à l’œil pur, appuyez vos têtes sur nos poitrines, et dormez au mouvement de nos cœurs pacifiques.
Nous demeurons dans les clairières des bois, parmi les marguerites des prés verts, écoutant les oiseaux gazouiller, les ruisseaux couler, les feuilles frémir.
À force de se connaître, les sexes ont disparu, exempts de convoitise comme de satiété ; depuis longtemps déjà la chair est morte en nous et nous n’éprouvons qu’une tendresse uniforme et commune, immaculée comme nos membres, plus sereine que les poses que nous gardons.
Ils sont beaux, vraiment ! et s’ils ne mentaient… Au fait, je n’ai jamais compris… Mais quels sont ceux-là qui s’avancent ?
Je ne t’ai pas semé, que celui qui t’a semé soit semé !
Je ne t’ai pas moissonné, que celui qui t’a moissonné soit moissonné !
Je ne t’ai pas fait cuire, que celui qui t’a fait cuire soit cuit lui-même !
Savez-vous ce qui est rouge ? qu’est-ce qui brille dans le soleil ? qu’est-ce qui languit dans la lune ?
Ce sont les âmes des morts : la grande roue les enlève dans