Page:Gustave Flaubert - Trois contes.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le poitrail des dromadaires ! et comme la montagne allait en s’élargissant vers sa base, évidée à l’intérieur telle qu’une ruche d’abeilles, au-dessous de ces chambres il y en avait de plus nombreuses, et d’encore plus profondes.

Vitellius, Phinées son interprète, et Sisenna le chef des publicains, les parcouraient à la lumière des flambeaux, que portaient trois eunuques.

On distinguait dans l’ombre des choses hideuses inventées par les barbares : casse-têtes garnis de clous, javelots empoisonnant les blessures, tenailles qui ressemblaient à des mâchoires de crocodiles ; enfin le Tétrarque possédait dans Machærous des munitions de guerre pour quarante mille hommes.

Il les avait rassemblées en prévision d’une alliance de ses ennemis. Mais le Proconsul pouvait croire, ou dire, que c’était pour combattre les Romains, et il cherchait des explications.

Elles n’étaient pas à lui ; beaucoup servaient à le défendre des brigands ; d’ailleurs il en fallait contre les Arabes ; ou bien, tout cela avait appartenu à son père. Et, au lieu de marcher derrière le Proconsul, il allait devant, à pas rapides. Puis il se rangea le long du mur, qu’il masquait de sa toge, avec ses deux coudes écartés ; mais le haut d’une porte dépassait sa tête. Vitellius la remarqua et voulut savoir ce qu’elle enfermait.