Page:Gustave Flaubert - Trois contes.djvu/160

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Le Babylonien pouvait seul l’ouvrir.

— Appelle le Babylonien !

On l’attendit.

Son père était venu des bords de l’Euphrate s’offrir au grand Hérode, avec cinq cents cavaliers, pour défendre les frontières orientales. Après le partage du royaume, Iaçim était demeuré chez Philippe, et maintenant servait Antipas.

Il se présenta, un arc sur l’épaule, un fouet à la main. Des cordons multicolores serraient étroitement ses jambes torses. Ses gros bras sortaient d’une tunique sans manches, et un bonnet de fourrure ombrageait sa mine dont la barbe était frisée en anneaux.

D’abord, il eut l’air de ne pas comprendre l’interprète. Mais Vitellius lança un coup d’œil à Antipas, qui répéta tout de suite son commandement. Alors Iaçim appliqua ses deux mains contre la porte. Elle glissa dans le mur.

Un souffle d’air chaud s’exhala des ténèbres. Une allée descendait en tournant ; ils la prirent et arrivèrent au seuil d’une grotte, plus étendue que les autres souterrains.

Une arcade s’ouvrait au fond sur le précipice, qui de ce côté-là défendait la citadelle. Un chèvrefeuille, se cramponnant à la voûte, laissait retomber ses fleurs en pleine lumière. À ras du sol, un filet d’eau murmurait.