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INTRODUCTION




I. — Fond sociologique de la religion. Sa définition. — II. — Lien de la religion avec l’esthétique et la morale. — III. — Désorganisation nécessaire de tout système de dogmes religieux : état d’« irréligion » vers lequel semble tendre l’esprit humain. — Sens exact dans lequel il faut entendre l’irréligion par rapport aux prétendues « religions de l’avenir. » — IV. — Valeur et utilité provisoire des religions ; leur insuffisance finale.


I. — Nous rencontrerons, le long de notre travail, bien des définitions différentes qu’on a données de la religion. Les unes sont empruntées surtout au point de vue physique, les autres au point de vue métaphysique, d’autres au côté moral, presque jamais au côté social. Et pourtant, si on y regarde de plus près, l’idée d’un lien de société entre l’homme et des puissances supérieures, mais plus ou moins semblables à lui, est précisément ce qui fait l’unité de toutes les conceptions religieuses. L’homme devient vraiment religieux, selon nous, quand il superpose à la société humaine où il vit une autre société plus puissante et plus élevée, une société universelle et pour ainsi dire cosmique. La sociabilité, dont on a fait un des traits du caractère humain, s’élargit alors et va jusqu’aux étoiles. Cette sociabilité est le fond durable du sentiment religieux, et l’on peut définir l’être religieux un être sociable non seulement avec tous les vivants