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GENÈSE DE L’IDÉE DE TEMPS

nous voulons adapter le pas du temps au pas de notre pensée et au pas de nos jambes[1].

Stevens a trouvé des résultats opposés à ceux de Vierord[2], de Mach[3], de Kollert[4], d’Estel[5], de Mehner[6]. Selon Stevens, nous raccourcissons encore les temps courts et nous rallongeons encore les temps longs. Dans les expériences de Stevens le « point d’exactitude », c’est-à-dire de reproduction fidèle, est d’ailleurs le même que pour les autres expérimentateurs. Mais il faut remarquer que les conditions de l’expérimentation ne sont pas les mêmes. Vierord et ses successeurs faisaient une comparaison de deux intervalles de temps, et le processus était purement mental. Stevens s’attache à un intervalle de temps et fait reproduire le même intervalle. Il en résulte l’intervention d’éléments tout nouveaux et de causes perturbatrices, comme Stevens lui-même le reconnaît : exercice de la volonté, impulsion motrice, transmission le long des nerfs efférents, enfin période latente de la contrac-

  1. Ajoutons qu’en musique un mouvement de 0,72 constitue un bon andante qui ne va ni trop lentement ni trop vite, mais d’une marche naturelle.
  2. Der Zeitsinn, 1868.
  3. Voir Wundt, Physiol. Psych. 1 Aufl. s. 785.
  4. Philosophische Studien, Bd. 1 Heft 1, s. 88.
  5. Ibid., Bd. II, 1, 37.
  6. Ibid., Bd. II, Heft, 4, s. 546.