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FOND ACTIF DE LA NOTION DE TEMPS

événements ne sont pas rattachés et d’où l’on ne retire que des images confuses, qui se fondent l’une dans l’autre.

L’intention, la fin poursuivie, aboutit toujours à une direction dans l’espace et conséquemment à un mouvement ; on peut donc dire que le temps est une abstraction du mouvement, de la κίνησις, une formule par laquelle nous résumons un ensemble de sensations ou d’efforts distincts les uns des autres. Quand nous disons : « ce village est à deux heures d’ici », le temps n’est qu’une simple mesure de la quantité d’efforts nécessaire pour atteindre à travers l’espace le village en question. Cette formule ne contient rien de plus que cette autre : ce village est à tant de milliers de pas, ou que cette autre plus abstraite : il est à tant de kilomètres, ou enfin que cette autre plus psychologique : il est à tant d’efforts musculaires. L’idée même du mouvement se ramène, pour la conscience, à la conception d’un certain nombre de sensations d’effort musculaire et de résistance disposées selon une ligne entre un point de l’espace où l’on est et un autre point où l’on veut être. Pourquoi cette idée, à l’origine, présupposerait-elle l’idée de temps ? Je fais plusieurs pas dans une direction donnée : pour cela il a fallu des efforts musculaires ana-