Page:Guyot Desfontaines - La Voltairomanie.djvu/27

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ve C’eſt un prodige que ce Sçavant. A peine a-t-il étudié deux jours la matiere la plus épineuſe & la plus étenduë, qu’il la poſſede à fond, & qu’il eſt capable d’en faire des leçons aux plus grands Maîtres. Tout le monde ſçait ce qui lui arriva à Paris, il y a un peu plus de deux ans. Il n’y avoit que huit jours qu’il commençoit à d’appliquer à la Géométrie, qu’il alla trouver un de nos plus grands Géométres de l’Académie des Sciences pour conferer avec lui ſur un Probleme, qu’il falloit dix années de Géométrie pour pouvoir réſoudre. Il ſe croyoit déja de pair avec tous les ſçavant de l’Europe. Voila la ſcience du perſonnage. A peint eſt-il en Angleterre qu’après avoir étudié la Langue pendant trois mois, il met en Anglois un Eſſai sur le Poëme Epique, qu’il avoit compoſé en François : puis ayant fait corriger cette traduction par ſon Maître de Langue, il la donne au Public. Il eſt vrai que les Anglois dirent alors que c’étoit un tiſſu de Galliciſmes & de Barbariſmes. Qu’importe ? Voltaire faiſoit voit qu’il avoit un genie divin pour les Langues, comme pour toutes les Sciences, & tout les beaux Arts. Cet Alexandre de la Littérature aſpire hautement à la Monarchie univerſelle des Lettres. Il