Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, trad Ternaux, Arthus Bertrand 1837.djvu/185

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ne poursuivirent ; mais je renversai le premier qui s’approcha. J’avais tout le village à mes trousses ; je parvins cependant à gagner la mer et à arriver jusqu’au bateau. Quand je voulus y entrer, les matelots me repoussèrent, en disant que, s’ils m’emmenaient malgré les sauvages, ceux-ci se soulèveraient contre eux et deviendraient leurs ennemis. Je fus donc obligé de retourner vers la terre, et je vis que Dieu ne voulait pas encore finir mes misères. Cependant, si je n’avais pas tenté de m’échapper, j’aurais pensé plus tard que je souffrais par ma faute.

Quand les Indiens me virent me diriger de nouveau vers la terre, ils s’écrièrent, d’un air joyeux : « Le voilà qui revient. » Je leur dis alors d’un ton irrité : « Croyez-vous donc que je voulais m’échapper ? Non. J’ai été prévenir mes compatriotes de préparer beaucoup de marchandises, afin que vous me conduisiez vers eux quand la guerre serait finie. » Cela leur fit plaisir et les apaisa.