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de guerre et 650 autres vaisseaux ont été impliqués. Ils ont dû opérer sur une côte difficile, souvent dans des conditions climatiques hostiles, sous une grêle presque incessante de bombes et sous un feu d’artillerie de plus en plus nourri. Les mers non plus, comme je l’ai dit, n’étaient pas sans mines ni torpilles. C’est dans ces conditions que nos hommes ont continué, avec peu ou aucun repos, pendant des jours et des nuits entières, à faire des allers-retours incessants dans ces eaux dangereuses, ramenant avec eux toujours plus d’hommes qu’ils ont secourus. Le nombre qu’ils ont ramené est à la hauteur de leur courage et leur sens du devoir. Les bateaux-hôpitaux, qui ont ramené plusieurs milliers de blessés britanniques et français, étant clairement marqués et ont été une cible privilégiée pour les bombes allemandes ; mais les hommes et les femmes à bord n’ont jamais failli à leur devoir.

Pendant ce temps, la Royal Air Force, qui était déjà intervenue dans la bataille aussi loin que sa portée le permettait de sa base, a utilisé une partie de ses avions de chasse et a frappé les bombardiers allemands ainsi que le grand nombre d’avions de chasse qui les protègent. Cette lutte a été longue et féroce. Soudainement, le champ était libre. Pour un instant — mais seulement pour un instant — le fracas et le tonnerre se sont tus. Il est clair pour nous tous que cette miraculeuse délivrance a été obtenue grâce à la valeur, la persévérance, la parfaite discipline, le service sans faute, les ressources, le talent et l’inébranlable fidélité. L’ennemi a été repoussé par les troupes britanniques et françaises en retraite. Il a été si durement traité qu’il n’a pas sérieusement urgé leur départ. La Royal Air Force a engagé la majeure partie de la force aérienne allemande et lui a infligé des pertes d’au moins 4 pour 1. La marine, utilisant presque 1 000 vaisseaux de différents types, a transporté plus de 335 000 hommes, Français et Britanniques, hors des mâchoires de la mort et de la honte, vers leurs terres natales et vers la tâche qui les attend immédiatement. Nous devons être très prudents de ne pas associer à cette délivrance les attributs de la victoire. Les guerres ne sont pas gagnées par des évacuations. Mais il y a malgré tout une victoire dans cette délivrance qui doit être soulignée. Elle a été gagnée par l’armée de l’air. Plusieurs de nos soldats sur le chemin du retour n’ont pas vu l’armée de l’air au travail ; ils ont seulement vu les bombardiers qui ont échappé à leur attaque protectrice. Ils sous-estiment leur accomplissement. J’en ai beaucoup entendu parler et c’est pourquoi je vais faire une parenthèse pour prendre le temps de vous en parler.

Cela a été une grande épreuve de force entre les armées de l’air britannique et allemande. Pouvez-vous concevoir un meilleur objectif pour les Allemands dans les airs que de rendre l’évacuation de ces plages impossible, et de couler tous ces bateaux ainsi présents, presqu’au nombre d’un millier ? Aurait-il pu y avoir un objectif militaire aussi important et aussi significatif pour la guerre entière que ceci ? Ils y ont travaillé très fort, et ils se sont fait battre ; ils ont été frustrés dans leur tâche. Nous avons ramené l’armée, et ils ont payé en quadruple pour chaque perte qu’ils nous ont infligée. De très grandes formations d’aéronefs allemands — et nous savons qu’ils sont d’une race très brave — ont fait demi-tour à plusieurs reprises face aux attaques de la Royal Air Force, quatre fois moins nombreuse qu’eux, et se sont dispersé dans différentes directions. Douze aéronefs ont été chassés par seulement deux. Un aéronef a été poussé à l’eau et détruit par la simple charge d’un aéronef britannique, qui n’avait plus de munitions. Tous nos types d’aéronefs — les Hurricanes, les Spitfires et les nouveaux Defiants — et tous nos pilotes ont prouvé leur supériorité envers ceux qu’ils ont confrontés.

Quand nous considérons comment notre avantage à défendre l’espace aérien au-dessus de cette Île serait plus important contre une attaque outre-mer, je dois dire que je trouve dans ces faits une base sûre sur laquelle peut reposer des pensées pratiques et rassurantes. Je vais payer mon tribut à ces jeunes aviateurs. Pour l’instant, la grande armée française a été grandement rejetée vers l’arrière et déroutée par la percée de quelques milliers de véhicules blindés. Se peut-il aussi que la cause de la civilisation elle-même sera défendue par le talent et le dévouement de quelques milliers d’aviateurs ? Il n’y a jamais eu, je crois, dans tout le monde, dans toute l’histoire de la guerre, une telle opportunité pour la jeunesse. Les chevaliers de la Table ronde, les Croisés, tous disparaissent dans le passé — pas seulement distant, mais prosaïque ; ces jeunes hommes, allant de l’avant chaque matin pour protéger leur terre natale et tout ce en quoi nous croyons, tenant dans leurs mains ces instruments de pouvoir colossaux et