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méritent notre gratitude, comme tous les braves hommes qui, de tant de manières et en tant d’occasions, sont présents et continuent à donner leurs vies pour leur terre natale.

Je reviens aux armées. Dans une longue série de batailles féroces, tantôt sur un front, tantôt sur l’autre, combattant sur trois fronts en même temps des batailles menées par deux ou trois divisions contre un nombre égal ou un peu plus grand d’ennemis, et menées férocement sur certaines de ces vieilles terres que tant d’entre nous connaissent si bien — dans ces batailles, nos pertes en hommes dépassent les 30 000 morts, blessés et disparus. J’en profite pour exprimer les sympathies de la Chambre des communes à tous ceux qui ont souffert un deuil ou qui sont encore anxieux. Le président de la chambre de commerce [Sir Andrew Duncan] n’est pas là aujourd’hui. Son fils a été tué, et plusieurs dans la Chambre des communes ont senti les douleurs de l’affliction sous sa forme la plus forte. Mais je dirai ceci à propos de ceux portés disparus : nous avons eu un grand nombre de blessés qui sont revenus en sécurité dans ce pays, et je dirai à propos des disparus qu’il peut y en avoir encore beaucoup qui vont revenir à la maison, un jour ou l’autre, d’une façon ou d’une autre. Dans la confusion de cette bataille, il est inévitable que plusieurs aient été laissés dans une position où l’honneur n’exigeait plus de résistance de leur part.

Contre cette perte de plus de 30 000 hommes, nous pouvons estimer une bien plus grande perte infligée à l’ennemi. Cependant, nos pertes en matériel sont énormes. Bien que nous n’ayons perdu que l’équivalent du tiers des hommes que nous avons perdus les premiers jours de la bataille le 21 mars 1918, nous avons aussi perdu presque autant de fusils — presque mille — ainsi que tous nos transports et tous les véhicules blindés qui étaient avec l’armée dans le Nord. Cette perte va imposer un délai supplémentaire pour le déploiement de notre force armée. Ce déploiement n’a pas progressé comme nous l’avions espéré. La Force expéditionnaire britannique est partie avec le meilleur de tout ce que nous avions à donner, et même s’ils n’avaient pas le nombre désiré de chars d’assaut et de quelques autres articles d’équipement, ils formaient une excellente armée équipée du meilleur. Ils ont obtenu les prémices de tout ce que nos industries étaient capables de donner, et tout cela est perdu. Voilà donc ce délai supplémentaire. Combien de temps cela va prendre, combien de temps cela peut durer, tout dépend des moyens que nous prendrons sur cette Île. Un effort comme il n’en a jamais eu dans notre histoire est désormais en cours. Le travail avance partout, nuit et jour, les dimanches comme les jours de semaine. Les propriétaires et les ouvriers ont mis de côté leurs intérêts, droits et divergences habituelles pour travailler ensemble. Déjà le flux de munitions a fait un bond en avant. Il n’y a aucune raison pour laquelle nous ne devrions pas dans quelques mois rattraper les pertes que nous avons subies, sans retarder le développement de notre programme général.

Pourtant, notre soulagement du succès de la fuite de notre armée et de tellement d’hommes, dont les êtres chers ont passé à travers des semaines agonisantes, ne doit pas nous aveugler du fait que ce qui s’est passé en France et en Belgique est un désastre militaire colossal. L’armée française a été affaiblie, l’armée belge anéantie, une grande partie des lignes fortifiées sur lesquelles nos espoirs reposaient sont détruites, plusieurs districts miniers et usines d’importance sont passés aux mains de l’ennemi ainsi que l’ensemble des ports de la Manche, avec toutes les conséquences tragiques qui en découlent, et nous devons nous attendre à recevoir à tout moment un autre coup ici ou en France. On nous dit que Herr Hitler a un plan d’invasion des Îles Britanniques. Ceci a déjà été pensé auparavant. Quand Napoléon est resté à Boulogne pendant un an avec ses bateaux à fond plat et sa grande armée, il s’est fait dire : « Il y a de mauvaises herbes amères en Angleterre. » Il y en a certainement plus maintenant depuis le retour de la Force expéditionnaire britannique.

Toute la question de la défense nationale contre une invasion est, bien sûr, fortement affectée par le fait que nous avons pour l’instant sur cette Île une force militaire beaucoup plus puissante que nous n’en avons jamais eue à n’importe quel moment dans cette guerre ou dans la dernière. Mais ça ne va pas durer. Nous ne nous contenterons pas d’une guerre défensive. Nous avons un devoir envers nos Alliés. Nous