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Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/19

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visme agissait en lui. En vain le Québec a voulu, pendant plus trois siècles, inoculer le sérum de ses hivers aux colons venus de France : il n’a pu dompter l’immortelle gaîté gauloise ; toutes ses glaces réunies n’ont pas figé ce sourire mieux réussi, plus intelligent, plus immatériel, qui a le don de pérennité. Il résiste aux épreuves définitives. Comme il devient beau et pénétrant, quand la première fleur blanche boutonne, au printemps, et que les bourgeons crèvent sur les branches où les oiseaux vont s’aimer. Alors, le long des flancs de notre race, remonte la sève de la France, la chanson, l’amour, la joie. Le type français ne meurt pas.

Mais Faure était aussi Saxon, par sa mère, ce qui expliquait l’empire qu’il exerçait sur lui-même, les volte-face soudaines qui étonnaient ses camarades de plaisir, peu habitués à la complexité du tempérament franco-anglo-saxon. Son endurance au travail, la sérénité, la méthode, l’esprit d’ordre, le côté pratique et froid de son être, qui se développait concurremment avec ses tendances idéalistes et exubérantes, tout cela déroutait les psychologues les plus futés. Les contradictions de son esprit et de son cœur se matérialisaient sur son corps en signes brusques. Il avait hérité, des