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très-utiles pour le propriétaire, il vendit son privilége à M. Le Bas de Courmont, fermier-général, et appuyé de la faveur de la maison de Noailles[1].

Les rédacteurs furent continués dans leurs travaux, M. de Querlon jusqu’à sa retraite chez M. de Baujon, M. l’abbé Aubert jusqu’après la mort de M. de Courmont et de M. le duc de la Vrillière.

Les changements étant alors fréquents dans le ministère, la famille de Courmont, dénuée d’ailleurs de son protecteur, M. de la Vrillière, et lasse de bien des difficultés qu’on suscitait dans les bureaux, ayant joui paisiblement pendant bien des années d’un gros revenu, transigea avec une compagnie qui se présentait et qui était portée en raison des sacrifices qu’elle consentait à faire. Enfin on envisageait les priviléges comme contrats qui devaient avoir force mutations et devenir utiles à plusieurs. Les opinions se montaient grandement aux innovations ; l’amour de l’argent devenait l’idole du jour : les Affiches furent mises sous la dépendance du ministre des affaires étrangères, M. de Vergennes, qui, établissant une forte redevance sur tous les papiers périodiques, voulait s’en faire un fonds de pensions à distribuer aux gens de lettres, etc.

À l’égard d’Antoine Boudet, qui avait succombé dans sa courte possession sous le crédit des amis du chevalier de Meslé, il s’en consola, ayant un fonds de philosophie et de courage, et s’occupa d’autres entreprises. Il avait de la littérature ; mais il était singulier dans sa mise, dans sa manière de vivre, dans ses goûts, et bizarre très-souvent par l’austérité de ses mœurs. Ce n’est pas tout : il était dévot à la manière des Espagnols, chez lesquels il avait fait quelques voyages, et homme de parti. Sans avoir eu de démêlés avec les Jésuites, il était devenu l’ennemi de ce savant corps, et, dès les approches de leur destruction, il fut le correspondant le plus zélé de ceux qui les attaquèrent en France, en

  1. Malgré ce qu’il avait recueilli pendant sa propriété, et une somme de trois à quatre cent mille livres à lui donnée par M. de Courmont, le chevalier de Meslé est mort sans aisance.