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sorte les titres de tous les livres et écrits qui s’imprimeront dans toutes les parties de l’Europe, sans que, néanmoins, il ait la liberté de faire aucun jugement ni réflexion sur ce qui sera de la morale, de la religion ou de la politique, et qui concernera, en quelque sorte que ce puisse être, les intérêts de notre État ou des autres princes chrétiens. Défendons à tous autres, etc.[1].


Le Journal des Savants vint remplir, en partie du moins, le programme de Mézeray, qu’il faut peut-être appeler aussi le programme de Colbert, dit M. Sainte-Beuve, à qui nous devons la connaissance de ce fait.

Mais laissons l’auteur nous exposer lui-même son projet, et, pour en mieux comprendre le mérite, tâchons de faire abstraction du chemin fait depuis lors, et reportons-nous au moment où Sallo expliquait ainsi, dans un avertissement au lecteur, une entreprise qui était alors sans aucun précédent :


Le dessein de ce journal étant de faire savoir ce qui se passe de nouveau dans la république des lettres, il sera composé :

Premièrement, d’un catalogue exact des principaux livres qui s’imprimeront dans l’Europe ; et on ne se contentera pas de donner les simples titres, comme ont fait jusqu’à présent la plupart des bibliographes, mais, de plus, on dira de quoi ils traitent et à quoi ils peuvent être utiles.

Secondement, quand il viendra à mourir quelque personne célèbre par sa doctrine et par ses ouvrages, on en fera l’éloge,

  1. Ce curieux projet de privilége se trouve aux manuscrits de la Bibliothèque impériale, dans les papiers de Mézeray, au milieu du volume intitulé : Dictionnaire historique, géographique, étymologique, particulièrement pour l’Histoire de France et pour la Langue française. C’est le même ouvrage que Camusat a publié sous le titre de Mémoires historiques et critiques, etc., par Mézeray. Camusat n’a probablement pas eu sous les yeux le manuscrit original ; il n’aurait pas omis cette pièce dans son Histoire critique des Journaux.