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Il s’agit donc, dans le premier, de savoir si par le mot de dialecticiens employé dans la loi 88, ad legem Falcidiam, on doit entendre les Stoïciens ou les Mégariens ; et dans le second, si responsitare de jure est la même chose que respondere de jure. Dans un des trois derniers chapitres, il est disputé à fond si le mot gracculus signifie un geai ou une corneille, et cet auteur prétend qu’après les preuves qu’il en rapporte, ce mot doit s’entendre d’une corneille : les jurisconsultes cesseront de disputer sur une difficulté qui jusqu’à présent était demeurée indécise. Dans le pénultième, il a ramassé toutes les étymologies qui se trouvent éparses dans les volumes des jurisconsultes. Enfin il examine, dans le dernier, si les eunuques peuvent aller à la guerre.

La matière des autres chapitres est semblable à celle qui est traitée dans ceux dont nous avons parlé ; d’où il est facile de juger qu’il n’appartient pas à tout le monde d’en faire ses délices, puisque c’est de la plus fine critique, dont la lecture ne peut donner du plaisir qu’aux personnes d’un rare savoir.


Ceux qui savent jusqu’à quel point Ménage s’abandonnait à l’impétuosité de son tempérament, et combien sa vanité lui permettait peu de recevoir de bonne grâce la plus légère raillerie, concevront sans peine qu’il ne dut pas être insensible à une pareille censure. Son dépit s’exhala en injures, ressource ordinaire de ces écrivains orgueilleux que la plus légère critique met hors d’eux-mêmes, tandis qu’ils se donnent la liberté d’insulter brutalement tout le monde. Ménage conserva pourtant encore assez de sang-froid pour ne pas faire un livre exprès contre Sallo ; il se contenta de parsemer la préface de ses Observations sur Malherbe des traits