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bon temps, cent mille lecteurs éclairés, non pas entassés sur un seul point, mais disséminés dans toutes les Académies et les Universités de l’Europe. Ce journal n’a jamais été confié qu’à des hommes de lettres du premier ordre, qui avaient fait leurs preuves de lumières, d’érudition et de vertu. On y discutait sans disputer, on mettait les poids dans la balance, et une analyse sortie de cette espèce de bureau généalogique de Chérin était un titre de noblesse, qui ouvrait à un homme de lettres jusque alors inconnu la porte de tous les chapitres où il voulait s’affilier. C’était une institution mère avec laquelle toutes les sociétés littéraires de l’Europe tenaient à honneur de correspondre. »

« C’est la gloire et c’est aussi la force du Journal des Savants, dit M. Ch. Daremberg dans une excellente notice dont je me suis beaucoup aidé[1], d’avoir été le premier organe de la critique littéraire (le premier en date et le premier en considération) et d’en être resté le représentant le plus élevé et le plus sérieux ; d’avoir su conserver une attitude libérale, une indépendance respectueuse, de ne s’être jamais attaché à d’autre parti qu’à celui de la science et des lettres (Voltaire lui-même lui a rendu ce beau témoignage), de s’être montré fidèle aux plus saines traditions littéraires, d’avoir toujours évité les éclats

  1. Journal des Débats, numéros des 20 et 22 avril 1859.