Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/22

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si fertile en épigrammes, de fournir matière à quelque facétie ; on répandit la suivante :


On lisait au sacré vallon
Un nouveau journal littéraire :
« Quelle drogue ! dit Apollon.
— Rien d’étonnant, répond Fréron,
Il sort de chez l’apothicaire !
— Quoi ! dit Linguet sur son haut ton,
Un ministre de la canule
Voudrait devenir notre émule !
— Oui, dit La Harpe ; que veux-tu ?
Cet homme, ayant toujours vécu
Pour le service du derrière,
Doit compléter son ministère
En nous donnant un torche-cu.


Quoi qu’il en soit, et bien que le Journal de Paris ne tînt pas à beaucoup près tout ce qu’il avait promis, il avait sur les autres journaux un avantage inappréciable pour des Français, et des Parisiens surtout : c’était de paraître tous les jours ; avec cet avantage, s’il le conservait, il devait à la longue survivre à tous les autres et s’enrichir de leurs dépouilles.

Aussi n’y eut-il sorte de tracasseries que ne lui suscitassent ses confrères pour le faire échouer ; c’était à qui lui arracherait une plume, sous prétexte qu’il allait sur ses brisées et blessait son privilége. Ils firent si bien qu’un beau matin la petite poste, chargée de le distribuer, s’y refusa,