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BAYLE
Nouvelles de la République des Lettres.

La critique s’appliquant à tout, a dit un maître dans cet art difficile[1], il y en a de diverses sortes, selon les objets qu’elle embrasse et qu’elle poursuit : il y a la critique historique, la critique littéraire, la critique grammaticale et philologique, etc., etc. Mais, en la considérant moins dans la diversité des sujets que dans le procédé qu’elle y emploie, dans la disposition et l’allure qu’elle y apporte, on peut distinguer en gros deux espèces de critique. L’une, reposée, concentrée, plus spéciale et plus lente, éclaircit et quelquefois ranime le passé, en déterre et en discute les débris, distribue et classe toute une série d’auteurs ou de connaissances : les Casaubon, les Fabricius, les Mabillon, les Fréret, sont les maîtres en ce genre sévère et profond ; nous y rangerons aussi ceux des critiques littéraires proprement dits qui, à tête reposée, s’exerçant sur des sujets déjà fixés et établis, recherchent les caractères et les beautés particulières aux anciens auteurs, et construisent des arts poétiques et des théories, à l’exemple d’Aristote et de Quintilien. Dans l’autre genre de critique, que le mot de journaliste exprime assez bien, je mets cette

  1. M. Sainte-Beuve.