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Citons encore et surtout l’opinion de Voltaire sur Bayle, ce « génie facile, ce savant universel, ce dialecticien aussi profond d’ingénieux[1] » ; il en a très-bien parlé en maint endroit, mais jamais mieux qu’à la fin d’une lettre au Père Tournemine (1735) : « M. Newton, dit-il, a été aussi vertueux qu’il a été grand philosophe. Tels sont pour la plupart ceux qui sont bien pénétrés de l’honneur des sciences, qui n’en font point un indigne métier, et qui ne les font point servir aux misérables fureurs de l’esprit de parti. Tel a été le docteur Clarke ; tel était le fameux archevêque Tillotson ; tel était le grand Galilée ; tel notre Descartes ; tel a été Bayle, cet esprit si étendu, si sage et si pénétrant, dont les livres, tout diffus qu’ils peuvent être, seront à jamais la bibliothèque des nations : ses mœurs n’étaient pas moins respectables que son génie ; le désintéressement et l’amour de la paix comme de la vérité étaient son caractère : c’était une âme divine. »

Voici enfin une opinion que l’on ne sera sans doute pas fâché de connaître ; c’est celle de La Fontaine ; elle est digne de lui et de Bayle. On la trouve à la fin d’une lettre à M. Simon, de Troyes, dans laquelle il décrit à cet ami un dîner et la conversation qu’on y tint (février 1686) :

  1. Siècle de Louis XIV.