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Aux journaux de Hollande il nous fallut passer.
Je ne sais plus sur quoi, mais on fit leur critique.
Bayle est, dit-on, fort vif et, s’il peut embrasser
L’occasion d’un trait piquant et satirique,
Il la saisit, Dieu sait, en homme adroit et fin ;
Il trancherait sur tout, comme enfant de Calvin,
S’il osait, car il a le goût avec l’étude.
Leclerc[1] pour la satire a bien moins d’habitude,
Il paraît circonspect ; mais attendons la fin :
Tout faiseur de journaux doit tribut au malin.
Leclerc prétend du sien tirer d’autres usages ;
Il est savant, exact, il voit clair aux ouvrages.
Bayle aussi. Je fais cas de l’une et l’autre main :
Tous deux ont un bon style et le langage sain.
Le jugement en gros sur ces deux personnages,
Et ce fut de moi qu’il partit,
C’est que l’un cherche à plaire aux sages,
L’autre veut plaire aux gens d’esprit ;
Il leur plaît. Vous aurez peut-être peine à croire
Qu’on ait dans un repas de tels discours tenus ;
On tint ces discours ; on fit plus :
On fut au sermon après boire…


Bayle, pendant qu’il publiait ses Nouvelles de la République des Lettres, ne laissait pas de poursuivre ses autres travaux ; ce fut le moment le plus actif et le plus fécond de cette vie si égale. L’excès de travail lui causa une maladie, qui le força de se dédoubler, en quelque sorte, dans ce rôle à la fois littéraire et philosophique ; il dut, au grand regret de tous les amis des lettres, interrompre son journal en février 1687. Peu auparavant, il écrivait à l’un

  1. Nous allons tout à l’heure faire sa connaissance.