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pour reconnaître que le journal de Leclerc contient de nombreux articles intéressants, d’une clarté lumineuse, sur des livres peu communs, latins, anglais, allemands, des notices biographiques et littéraires qui sont de véritables ouvrages, et qu’aujourd’hui encore l’on consulte avec fruit. Mais trop souvent diffus et inexact, il fatigue le lecteur par des réflexions inutiles, mal placées, fausses souvent, et par de fastidieuses redites.

« Le plus grand mérite de Leclerc, dit Voltaire (Siècle de Louis XIV), est d’avoir approché de Bayle, qu’il a combattu souvent. Il a beaucoup plus écrit que ce grand homme ; mais il n’a pas connu comme lui l’art de plaire et d’instruire, qui est si au-dessus de la science. »

Quoi qu’il en soit, on ne saurait méconnaître les services qu’a rendus ce laborieux critique ; lorsqu’on a eu sous les yeux les innombrables articles des Bibliothèques sur tant de sujets d’érudition critique et historique, on demeure convaincu de l’influence qu’ils ont dû avoir sur l’éducation des esprits. En communauté d’efforts et de mérite sur ce point avec Bayle et Basnage, Leclerc, par ses analyses sur des sujets si variés, a mis les esprits en contact avec une grande quantité de faits, de choses et d’idées ; il les a aiguisés par la comparaison, de même que par son indépendance il a encouragé leur liberté, et porté coup à l’érudition pédantesque