Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bliothèque ancienne et moderne, tous les trois mois. Ces trois recueils, malgré la diversité de leurs titres et de leurs dates, sont conçus et rédigés dans le même esprit, et, à peu de chose près, sur le même plan. C’est une suite bien nourrie d’extraits et de jugements des ouvrages qui paraissaient dans le monde littéraire et savant de l’Europe, coupée d’articles originaux, de dissertations, de biographies, à peu près comme dans nos revues modernes. Leclerc n’a ni la grâce, ni l’éloquence ; en revanche, il a de la netteté et un bon jugement, qui peut sembler un peu commun aujourd’hui, mais fort oseur pour l’époque. Il est frondeur, plein d’une confiance un peu superbe en son savoir, et rarement content de celui des autres ; il tranche à outrance contre les auteurs qui ne lui plaisent pas. Il exhorte volontiers les savants de son siècle à la modération, mais il ne prêche pas d’exemple : c’est bien le plus irritable des critiques.

« Le style de M. Leclerc, disent les journalistes de Trévoux[1], est plus coulant que pur, son érudition plus étendue qu’exacte, sa critique souvent judicieuse, toujours hardie. On remarque en lui un grand penchant à favoriser l’incrédulité, un grand soin de justifier tous les hérétiques, et fort peu d’égards pour les grands hommes que l’antiquité chrétienne a le plus respectés. » On est d’accord

  1. Juillet 1703, p. 1191.