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naux pour s’instruire ; on a en vue de s’amuser, de s’égayer : les petites choses, et surtout celles qui sont malignes, piquent et intéressent par préférence. Cette inclination est née il y a près de six mille ans, et durera jusqu’à la fin du monde : on doit compter sur cela en posant la base d’un journal. Cependant la construction de cet édifice suppose autant le moral que le littéraire. Le moral est la probité, la sagesse, le désintéressement, le zèle du bien public ; le littéraire est un savoir fort étendu, une logique supérieure, un style éloigné de l’enflure et de la bassesse, plus approchant de la dissertation que du genre oratoire, plus proportionné aux manières de la conversation qu’au ton de l’enseignement.




Essais de Littérature pour la Connaissance des Livres. — Sous ce titre l’abbé Tricaud entreprit, en 1702, une espèce de manuel bibliographique. « Son dessein était, dit-il, de ne traiter précisément que de certains livres recommandables par leur antiquité, par leur rareté ou par leur singularité ; de discerner les meilleures éditions qui en ont été faites, d’indiquer les endroits qui en ont fait supprimer quelques-uns, et ceux qu’on a retranchés ou ajoutés à d’autres, et de rendre surtout au public la connaissance de certains livres curieux et secrets que le temps a fait périr, ou a rendus si rares qu’ils sont entièrement inconnus à la plupart des gens de lettres qui ont le plus d’érudition. » C’était là une idée heureuse ; assurément, un livre fait selon ce