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Le Journal des Savants était tombé dans le plus grand discrédit, et les libraires, en 1723, refusaient de l’imprimer. Les protecteurs de cette feuille offrirent alors à Desfontaines de coopérer à sa rédaction. Il se prêta sans peine à une proposition si conforme à son goût, et dès 1724 le Journal des Savants avait repris faveur. Desfontaines y travailla jusqu’en 1727 ; mais des démêlés qu’il eut avec ses confrères le rebutèrent, et il donna sa démission. Quelque mal que l’on ait dit de l’abbé Desfontaines, personne ne lui a refusé un mérite alors assez rare chez les beaux esprits, je veux dire un caractère indépendant. Il est à présumer que cette disposition lui fit éprouver beaucoup de dégoûts dans sa collaboration à une feuille soumise, comme l’était alors le Journal des Savants, à la direction méticuleuse de l’abbé Bignon. Heureusement Desfontaines pouvait se passer de protecteurs et d’emplois ; il trouva dans sa plume des ressources qui ne tarirent jamais, quoiqu’il ne connût point l’économie, et que les jouissances d’une vie sensuelle fussent pour lui des besoins. Sa singulière facilité de travail, la variété de ses connaissances, la promptitude avec laquelle il concevait et exécutait des plans d’ouvrages, son intelligence à tirer parti de ceux des autres, à retoucher, pour en assurer la vente, les productions d’auteurs inconnus et sans expérience, tous ces moyens, alors peu employés en littérature, mais dont on connaît