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doit point s’obtenir à titre de grâce, et doit toujours être l’effet d’une justice exacte, à laquelle tout écrivain est censé se soumettre volontiers par la publication de ses écrits… Si on établit dans la république des lettres, comme un usage de politesse et de bienséance, celui de s’abstenir de toute critique extérieure à l’égard des ouvrages d’esprit, il n’y aura plus aucun risque à se produire au grand jour. Les mauvais auteurs ne seront plus retenus par la crainte de la censure, et les excellents ne seront plus excités par l’espérance de la distinction et de la louange, motif qui ne doit pas être confondu avec la vanité, parce qu’il y a de la différence entre vouloir mériter l’estime des hommes et être vain… Il ne faut pas, dit-on, décourager les auteurs, surtout les jeunes gens. Cela est vrai ; mais un auteur qui a mal réussi, et qui se sent du génie et des ressources, ne sera point découragé par la critique ; ce sera, au contraire, pour lui, un motif qui l’excitera à rétablir sa réputation, et à mériter dans la suite ce qu’il n’a pas d’abord obtenu.


On ne pouvait mieux parler assurément ; mais c’était prêcher dans le désert. Les écrivains critiqués et leurs éditeurs s’ameutèrent contre le Nouvelliste, qui fut arrêté au commencement de 1732, « au grand regret des littérateurs, qui y trouvaient l’instruction, et des gens du monde, qui y cherchaient l’amusement. »

Le Nouvelliste, comme la plupart des journaux de ce temps, était publié sous forme de lettres. Il en devait paraître une tous les huit jours ; mais il n’y en eut en tout que cinquante-deux, dont la dernière est du 15 mars 1732, et qui sont réunies en 3 volumes in-12. La Bibliothèque impériale possède un exemplaire chargé de nombreuses notes manuscrites qui en sont comme la clé.