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Trois ans après, Desfontaines obtint — et cela, dit-il lui-même, « en récompense des services qu’il avait rendus aux lettres et à l’État », — le privilége d’un nouveau recueil périodique, qu’il intitula Observations sur les Écrits modernes. C’est dans ce journal que pendant huit ans il tint tête aux encyclopédistes, à Voltaire lui-même, dont il balança un moment le crédit ; c’est dans ces feuilles, si vives, si alertes, si pleines d’ironie, de malice, de feu, que l’on apprend surtout à connaître l’histoire de la critique littéraire au milieu du xviiie siècle. Quelque opinion que l’on ait de Desfontaines, on ne saurait méconnaître ce qu’il lui fallut d’énergie et de ressources pour résister pendant huit années à tant et de si redoutables adversaires. Mais il devait finir par succomber. Par arrêt du Conseil d’État du 6 septembre 1743, « le roi, étant informé que les auteurs et les libraires se plaignent des Observations sur les Écrits modernes, dont l’auteur ne respecte ni les gens de mérite, ni les corps les plus distingués et honorés de la protection de S. M., révoque le privilége de cette feuille, ordonne que les autres ouvrages du même auteur seront mis entre les mains de nouveaux examinateurs, choisis par M. le chancelier, pour en être rendu compte à S. M., et pour être statué sur la révocation desdits ouvrages, et même, s’il y échet, sur la punition de l’auteur. »

Ce corps distingué dont parle l’arrêt, c’était