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ses critiques, lesquels il ne distinguait pas les uns des autres, on s’étonne du soin qu’il mettait d’abord à se dissimuler, lorsqu’il se décidait à repousser leurs attaques, et ensuite de son opiniâtreté dans le mensonge, quand il était démasqué. » Voltaire, dans cette circonstance, fut fidèle à sa tactique habituelle : il avait fait imprimer le Préservatif sous le nom du chevalier de Mouhy, et, quoique le doute ne fût possible pour personne, il nia hardiment qu’il en fût l’auteur ; mais il lui fut impossible de désavouer une lettre à Mafféi, insérée dans ce pamphlet, et qui était, de son propre aveu, l’unique fondement de la querelle. « Vous pouvez assurer, écrivait-il à Thiriot, que je n’ai pas d’autre part au livre très-fort qui vient de paraître contre ce monstre d’abbé Desfontaines que d’avoir écrit, il y a deux ans, à M. Mafféi, la lettre qu’on vient d’imprimer. » Eh ! c’était justement cette lettre qui devait irriter Desfontaines. Il s’inquiétait bien vraiment des autres attaques que le Préservatif dirigeait contre lui ; il se souciait bien d’y être traité de sot, de présomptueux et d’ignorant ; que ces injures vinssent ou non de Voltaire, que lui importait. Ce qui devait le toucher, c’était d’être représenté dans une lettre écrite et signée de la main de Voltaire, et dans une estampe qui le disputait d’énergie avec cette même lettre, comme un homme flétri par la main du bourreau, pour le plus sale, le plus infâme