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sollicitations de ses amis, qui lui montrèrent l’issue d’un procès comme très-incertaine en présence de sa lettre à Mafféi, et comme devant lui être dans tous les cas très-dommageable, finit par se contenter d’un désaveu, qui fut minuté de la main du marquis d’Argenson, que Desfontaines signa par ordre, et qui fut remis entre les mains du lieutenant de police.

« Ainsi, dit M. Ch. Nisard, ainsi finit cette querelle ridicule, qu’il ne tint pas à Voltaire de transformer en complot contre l’État, et de faire juger par le Parlement, toutes les chambres assemblées. L’issue n’en mit pas Desfontaines plus bas dans l’opinion qu’il n’y était déjà ; mais elle força Voltaire à dévoiler ses plus honteuses faiblesses, à mentir et à acheter le mensonge des autres à prix d’or… ; elle lui causa enfin un préjudice moral très-considérable. » C’est aussi l’avis des partisans les plus dévoués du grand écrivain, même de Delisle de Sales : « Voltaire, dit-il, au lieu de dédaigner un si faible ennemi, descendit jusqu’à lutter avec lui corps à corps, et ce fut le sommeil de sa gloire ; les injures dont il accabla son ennemi dans le libelle du Préservatif firent douter un moment de la bonté de sa cause. »

Nous n’avons pu qu’esquisser à grands traits cette longue querelle[1]. On ferait un volume, dit un

  1. On en trouvera tous les détails dans l’ouvrage de M. Nisard qui nous sert de guide. Voir, en outre, dans les Mémoires et correspondances historiques et