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était alors à Cirey.) Hors de lui, il voulait, à chaque poste où il recevait des lettres, partir pour Paris, où il ne pouvait paraître sans danger pour sa liberté, voir les ministres, le lieutenant criminel, présenter requête, porter plainte, que sais-je ? poursuivre à extinction sa vengeance. « Il lui faut une réparation, ou il meurt déshonoré : il s’agit de faits, il s’agit des plus horribles impostures. Vous ne savez pas à quel point Desfontaines est l’oracle des provinces. On m’écrit de Paris que mon ennemi est méprisé, et moi je vois que ses Observations se vendent mieux qu’aucun livre. Mon silence le désespère, dites-vous. Ah ! que vous êtes loin de le connaître ! Il prendra mon silence pour un aveu de sa supériorité, et encore cette fois je resterai flétri par le plus misérable des hommes, sans en pouvoir tirer la moindre vengeance, sans me justifier !… » Du fond de son cabinet il remue ciel et terre pour obtenir cette vengeance dont il a soif ; il y touchait : le lieutenant criminel avait promis d’informer, quand il gâta tout par trop d’exigence et de précipitation. Ne voulut-il pas, comme mesure préalable au procès, qu’on sollicitât du premier président un arrêt en vertu duquel la Voltairomanie serait brûlée publiquement ! Cette prétention, qui aurait préjugé la question, parut exorbitante aux magistrats, et refroidit quelque peu leur bon vouloir ; si bien que Voltaire, cédant, après de longues hésitations, aux