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n’est rien, si on le compare à celui que le poète vindicatif a tracé du même personnage dans le 18e chant de la Pucelle, et qui le remplit tout entier. Voltaire appelait ce chant la Capilotade. Il en avait d’abord fait un poëme à part, et ce n’est que plus tard qu’il l’inséra dans la Pucelle, « par voie de prophétie ou à peu près. » Fréron y fait partie d’une bande de galériens composée de tous les écrivains dont Voltaire avait à se plaindre, et qui, s’acheminant vers Toulon, se livre à des exploits dignes des Cartouche et des Mandrin. « Dieu m’a fait la grâce, écrit-il à ce propos à Thiriot, que quand on veut rendre les gens ridicules et méprisables à la postérité, il faut les nicher dans quelque ouvrage qui aille à la postérité. Or, le sujet de Jeanne étant cher à la nation, et l’auteur, inspiré de Dieu, ayant retouché et achevé ce saint ouvrage avec un zèle pur, il se flatte que nos derniers neveux siffleront les Fréron, les Mayer, les Caveirac, les Chaumeix, les Gauchat, et tous les énergumènes, et tous les fripons ennemis des frères. »

À peu de temps de là fut répandue dans le public une brochure anonyme intitulée : Anecdotes sur Fréron écrites par un homme de lettres à un magistrat qui voulait être instruit des mœurs de cet homme. « Ce pamphlet dégoûtant, où rien n’est omis de ce qui illustrerait au bagne les états de service du plus effronté coquin, fut attribué tout d’une voix à Vol-