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heures du matin, termina la fête. Les sénateurs, en se retirant, ordonnèrent qu’on eût à s’assembler aux Tuileries, sur les six heures du soir, pour chanter un Te Voltarium.


Ce n’est pas sans peine que Fréron avait sauvé ce Te Voltarium des griffes du censeur ; cet homme désolant alléguait que ce serait pris comme une parodie indécente et une profanation. Fréron avait dû en référer encore à M. de Malesherbes ; c’était sa plaisanterie finale, son trait, sa pointe ; il y tenait plus qu’à tout :


Ainsi, Monsieur, écrivait-il, je vous prie en grâce de me la passer. Tout mon article n’est fait que pour amener cette chute, et je suis perdu si vous me la retranchez. Je vous supplie, Monsieur, de m’accorder cette grâce. Ce n’est point une supposition en l’air quand j’ai l’honneur de vous dire, Monsieur, que j’ai lu le Te Voltarium à deux évêques ; rien de plus certain et de plus vrai ; j’aurai l’honneur de vous les nommer lorsque j’aurai celui de vous voir : ils n’en ont fait que rire.


M. de Malesherbes avait ri aussi, et le lui avait passé. Tous ceux qui ont lu l’Écossaise trouveront que ce n’était que justice. Voltaire, c’est tout simple, n’en jugea pas ainsi ; il entra dans une véritable fureur. Il avait insulté Fréron sur la scène ; Fréron lui répondait dans sa feuille : il ne pouvait concevoir une telle audace. Ses lettres de ce temps sont remplies à tout propos d’invectives contre M. de Malesherbes, qu’il représente comme le protecteur des feuilles de Fréron, parce que cet homme juste n’en était pas le persécuteur. Il va, dans son