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avions eu tant de peine à sortir, pour faire jouer une prétendue comédie, où il n’y a ni vraisemblance, ni liaison, ni intrigue, ni marche, ni chaleur, ni action, une farce italienne ou espagnole dans laquelle les premières règles sont violées. Quant au rôle de Wasp, extraordinairement applaudi à la première représentation, beaucoup moins à la seconde, tout ce qu’il en peut dire, c’est que ce n’est pas d’aujourd’hui que les auteurs, irrités des critiques qu’on fait de leurs ouvrages, y répondent par des invectives et par des calomnies. Il nous reste des pièces de vers, des épigrammes, des libelles, où Boileau, auquel d’ailleurs il ne convient à aucun écrivain de ce siècle de se comparer, est traité de coquin, de fripon, d’infâme, de scélérat.

Cela dit, il n’y pensa plus, et Tancrède ayant été représenté six semaines après, il en fit le plus grand éloge.


Les ennemis de Fréron, le voyant ainsi inébranlable, recoururent, pour le ruiner, à un moyen auquel on aurait peine à croire, si la révélation publique qu’en fit la victime n’était demeurée sans réplique. C’est assurément un des traits les plus curieux des mœurs littéraires du XVIIIe siècle ; nous laisserons Fréron nous le raconter lui-même.


Les philosophes, dit-il, M. de Voltaire à leur tête, crient sans cesse à la persécution, et ce sont eux-mêmes qui m’ont persé-