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à-coup pour faire place à un sentiment tout opposé. »


Tous ceux qui voudront examiner impartialement les pièces de ce long procès, dont nous n’avons pu qu’effleurer les principaux épisodes, partageront l’avis de M. Nisard, et reconnaîtront qu’en effet ce Fréron si durement traité vaut mieux que la réputation que lui ont faite des ennemis peu scrupuleux, et que la génération nouvelle a aveuglément acceptée sur la foi de son oracle ; ils comprendront que sa mémoire ait trouvé des vengeurs, et ne s’étonneront pas de la chaleur avec laquelle un de ses héritiers les plus illustres, M. J. Janin, a pris sa défense ; nous avons déjà cité quelques lignes du brillant article qu’il lui a consacré dans le Dictionnaire de la Conversation, nous ne pouvons résister au plaisir d’en citer encore quelques traits :

« Fréron a été l’homme le plus courageux et le plus constamment courageux de son temps. Tout seul, lui qui n’était pas même le dernier des gentilshommes ou le dernier des hommes d’Église, il a défendu nuit et jour la cause du Roi et de l’Église, abandonnée par la France entière, par l’Europe entière. Tout misérable que vous le voyez là, perdu dans la foule, sans protecteur, sans appui, sans ami, sans conseil, tout seul, il a osé s’opposer à Voltaire, le Mahomet de ce temps-là ; il a tenu tête