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plus suffire à sa subsistance. Il n’était soutenu que par des secours étrangers, fournis par des hommes qui ne s’apercevaient pas que son nom pouvait décrier la meilleure cause. Aussi l’archevêque de Paris se trouve-t-il pour neuf mille francs dans la banqueroute de Fréron, qui meurt endetté, dit-on, de plus de quarante mille livres. Ce dérangement peut tenir à une grande facilité de caractère que lui attribuent ceux qui le connaissent, et qui ne s’accorde pas avec l’ordre et l’économie, mais bien avec des goûts dispendieux, et même ruineux. Les pensions qu’il payait dans les derniers temps avaient achevé de l’accabler, et j’ose croire que c’était une injustice. Il faut laisser à un homme le produit de son métier, quel qu’il soit. L’exemple de Fréron, ajoute le haineux Aristarque, si habile, lui aussi, à se créer des ennemis, est une leçon pour quiconque croira pouvoir, avec quelque esprit et quelque littérature, se déclarer impunément l’ennemi des talents. » Ce qui n’empêcha pas que sa succession ne fut ardemment convoitée.

Si l’on en croit les Mémoires secrets, Fréron aurait rédigé pendant quelques années une gazette manuscrite qu’il envoyait en Piémont et dans quelques autres États, et pour laquelle il recevait cinquante louis ; ce n’aurait été, à les entendre, qu’une rapsodie de tous les rogatons, contes populaires, historiettes, nouvelles de Paris, digérée à la hâte et