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gouvernement absolu, la loi d’une nation qui avait beaucoup de franchises et qui n’avait encore aucune liberté, la maxime anticipée et fondamentale de l’existence légale de tant de journaux que la liberté devait bientôt faire éclore.

Touchés d’un si noble procédé, les journalistes firent accepter, par reconnaissance, à M. Suard, une part dans ce journal qu’il venait de refuser entier. Il en devint à la fois le censeur, le copropriétaire, et l’un des rédacteurs dont les articles multipliaient le plus les abonnements.


Garat ne citant que quelques vers estropiés du charmant badinage qui donna lieu à cette grosse affaire, nous croyons être agréable à nos lecteurs en leur mettant sous les yeux la pièce de conviction dans toute sa scélératesse.

Air : De la fanfare de Saint-Cloud.
Enivré du brillant poste
Que j’occupe récemment,
Dans une chaise de poste
Je m’embarque fièrement,
Et je vais en ambassade,
Au nom de mon souverain,
Dire que je suis malade
Et que lui se porte bien.


Avec une joue enflée
Je débarque tout honteux.
La princesse boursoufflée
Au lieu d’une en avait deux ;
Et Son Altesse sauvage
Sans doute a trouvé mauvais
Que j’eusse sur mon visage
La moitié de ses attraits.