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faire sa cour à feu M. le Dauphin, avait pris depuis quelques années le ton capucin, et s’était déclaré le Don Quichotte de la religion, de ses ministres et de leurs suppôts. Je ne sais si les rédacteurs actuels auront les mêmes vues et la même adresse, mais, à coup sûr, ils n’auront pas assez d’esprit, et il faut de l’esprit infiniment pour assaisonner les méchancetés ; il en faut autant pour n’être pas un capucin dégoûtant, ennuyeux et ridicule. Le temps est passé où l’on baisait la robe des moines ; on conduit maintenant assez militairement la sainte mère Église. »

Les mêmes haines qui avaient poursuivi Fréron s’attachèrent à son successeur, et elles triomphèrent un instant. L’Année littéraire s’étant oubliée, dans le courant de 1781, jusqu’à manquer de respect à un comédien, ses ennemis firent si bien qu’elle fut suspendue sous ce prétexte, et le grand accapareur Panckoucke, « cet Atlas de la librairie, dont les vastes épaules auraient supporté le poids des masses les plus énormes », se mit aussitôt en campagne, à l’instigation et avec l’appui du parti encyclopédique, pour la faire supprimer et l’annexer à son Mercure.

Cette intrigue ne réussit qu’à moitié. L’Année littéraire obtint la permission de reparaître ; mais le privilége en fut ôté à Fréron, dont elle cessa de porter le nom, et transféré à sa belle-mère, sans aucune stipulation en faveur de l’ancien proprié-