Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/442

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&22 LITT]§RATURE ITALIENNB trahison. Manzoni a consciencieusement feuilleté les chroniqueurs contemporains, pour éclaircir le mystére de cette sentence, et il s’est convaincu —- démenti en cela par les historiens plus récents —- que Carmagnola était innocent : il a vu en lui un soldat loyal, victime des ténébreuses intrigues de la politique vénitienne. Le per- sonnage ainsi conqu a une fiére allure, et l’action, dégagée de toute complication mesquine, met en jeu des sentiments viriis et guerriers, parfaitement appropriés aux aspirations de l’ltalie de 1820. La seconde tragédie de Manzoni, Adelchi, a pour sujet Ia chute du royaume lombard, abattu par Charle- magne (772-774). L’intérét national de ces luttes entre dominateurs étrangers, dont le peuple italien était l’enjen, a été fort adroitement mis en relief par l'auteur : l’exaltation continuelle des vertus patriotiques, de l’hon- neur et de la piété, communique at l’muv1·e une signifi- cation morale au moins égale a celle de Carmagnola. L'eil`ort réalisé par le poete pour donner au drame unc solide base historique est attesté par son long a Discours sur quelques points de l’histoire des Lombards en Italie ». Cependant, au milieu des obscurités que pré- sente l’interprétation des chroniques relatives a ces temps lointains, Manzoni n’a réussi ni a dégager la vérité des faits, ni surtout at reconstituer la vie de la société italienne a cette époque, ce qui était son ambition prin- cipale. La vanité de son entreprise lui apparut nettement, et il écrivait at Fauriel que son << pauvre Adelchi » n'était décidément qu° ¢< un petit monstre romantique ». Dans Carmagnola, Manzoni avait eu soin d’avertir qu’un des personnages était de son invention; il renonqa, dans Adelchi, a prendre cette précaution devenue inutile, car aucun de ses héros n°y est vraiment historique, non pas