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vers cette hideuse production de la nature, qui cette fois se grandissait de tous ses membres. Bellérophon, s’en étant approché à la longueur du bras, lui asséna un coup violent ; mais en même temps il se sentit entraîné à une grande distance, avant d’avoir eu le temps de vérifier si son arme avait porté. Pégase, sans s’arrêter, décrivit des cercles à une grande hauteur. Bellérophon s’aperçut alors qu’il avait tranché la tête de bouc. Elle était renversée, ne tenant plus qu’à la peau, et paraissait inanimée. Mais, en revanche, celle de lion et celle de serpent avaient repris la férocité de la première. Elles se mirent à siffler et à rugir avec une double rage.

« Allons toujours, mon brave Pégase ! encore un effort semblable, et nous arrêterons les cris de l’horrible bête dans son autre gosier. »

Le cheval part comme un trait

Un second coup frappe une des deux têtes. Mais cette fois, ce ne fut pas sans représailles ; car la Chimère avait déchiré profondément l’épaule du jeune homme avec une de ses griffes, et légèrement endommagé l’ailé gauche de Pégase. Cependant la tête de lion était mortellement blessée, et elle pendait vers la terre, exhalant son dernier souffle dans un nuage de vapeur. La tête de serpent, dans laquelle se concentrait à présent la vie des deux autres, avait aussi redoublé de rage et de venin. Elle vomit une trombe embrasée qui atteignit à cinq cents mètres