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veilleux. Il avait évidemment une grande expérience du monde, et rien n’est plus utile à un jeune homme qu’un ami possédant à fond les connaissances nécessaires à la pratique de la vie : aussi Persée écoutait-il avec une grande attention tout ce que disait son guide, dans l’espérance d’enrichir son esprit de tout ce qu’il entendait.

À la fin il se rappela que Vif-Argent avait parlé d’une sœur qui devait apporter son concours dans l’entreprise qu’ils poursuivaient.

« Où est-elle ? demanda-t-il ; est-ce que nous la verrons bientôt ?

— Chaque chose a son temps, répondit son compagnon ; cette sœur dont je te parlais, il faut bien que tu le saches, est d’un caractère tout différent du mien. C’est une personne grave et prudente qui ne sourit jamais, qui rit encore moins, et s’est fait une règle de ne point ouvrir la bouche sans avoir à dire quelque chose de profond. Elle ne prête non plus l’oreille qu’aux paroles qui sont empreintes d’une véritable sagesse.

— Mon Dieu ! s’écria Persée, je n’oserai jamais prononcer une syllabe en sa présence.

— C’est une personne accomplie, continua Vif-Argent ; elle connaît tous les arts et possède toutes les sciences ; en un mot, elle est tellement parfaite, que bien des gens l’appellent la Sagesse. Mais, il faut te l’avouer, sa gravité et ma pétulance ne s’accordent