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pas beaucoup, et je crois qu’en voyage sa compagnie te serait moins agréable que la mienne. Elle a cependant des traits d’esprit assez lumineux ; du reste, tu devras mettre ses conseils à profit lors de ta rencontre avec les Gorgones. »

Pendant qu’ils causaient ainsi, le jour commençait à s’assombrir. Ils étaient parvenus à un endroit désert et sauvage, encombré de buissons et de broussailles, si calme et si solitaire, qu’il semblait n’avoir jamais été exploré par personne. Tout dans ce lieu inculte prenait un aspect désolé, à la faible lueur d’un crépuscule qui devenait de plus en plus obscur, et Persée, regardant autour de lui d’un air un peu décontenancé, demanda à Vif-Argent s’ils avaient encore loin à aller.

« Chut ! ne fais pas de bruit, répondit Vif-Argent ; voici justement l’heure et l’endroit où nous pouvons rencontrer les trois femmes aux cheveux gris. Aie bien soin qu’elles ne t’aperçoivent pas avant que tu les aies vues toi-même : car, bien qu’elles n’aient qu’un seul œil pour elles trois, il est doué d’une vue aussi perçante que trois paires d’yeux ordinaires.

— Et comment ferai-je pour ne pas me laisser voir lorsqu’elles vont arriver ? » demanda Persée à Vif-Argent.

Celui-ci lui expliqua comment s’y prenaient ces vieilles femmes avec le seul œil qu’elles avaient pour elles trois ; elles en faisaient usage, à ce qu’il