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REMARQUES.

entre eux et de quel droit ils existent ? Mais on néglige toujours cette seconde question. Les mots fournis par la langue sont généralement réputés vrais ; et si l’on admet que quelques-uns peuvent être faux, on est cependant assuré que dans le plus grand nombre de cas ils sont absolument vrais, et que ce que nous avons à faire n’est pas de rechercher quel degré de confiance mérite un sujet ou un prédicat. un substantif ou un adjectif donné par le langage, mais seulement de voir si tel ou tel adjectif ou prédicat, réputé vrai en soi, convient ou ne convient pas à tel ou tel substantif ou sujet, présumé vrai a son tour.

Voici un exemple à l’appui de ce que nous disons. On a longtemps discute en philosophie pour savoir si l’âme est simple ou composée, parce qu’on croyait pouvoir en déduire la preuve de son immortalité. Mais tout en supposant douteuse cette question de la simplicité de l’âme, on ne songeait point à demander si l’alternative posée par la langue, à savoir qu’il y a des choses simples et des choses composées, n’était pas douteuse aussi. On négligeait en un mot de demander à la langue où elle a pris cette idée de simplicité ou de composition, et l’on ne voyait point qu’il se pourrait qu’aucune de ces alternatives ne convint aux choses et surtout à l’âme.

Car de ce que l’on rencontre ces deux idées dans le langage, il ne s’ensuit pas qu’elles sont vraies. Tout ce que cela prouve, c’est que le langage se trouvant un jour devant le monde ou le Tout sans le comprendre, l’a décomposé en ces deux parties : et c’est de la même