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REMARQUES.

façon que les substantifs, les adjectifs et autres radicaux du langage s’y sont introduits, tout mot étant ce qu’on appelle encore aujourd’hui un mot, c’est-à-dire un aperçu du génie ou l’invention d’une catégorie.

N’ayant encore aucune règle bien établie, la langue, en faisant l’anatomie de ce Tout placé devant elle, aura pu quelquefois, par hasard ou par instinct, faire si bien et d’une main si heureuse ses coupures qu’elle en aura tiré une pièce entière, méritant de recevoir un nom ou d’être une catégorie ; mais d’autres fois, et le plus souvent sans doute, elle a dû se montrer moins heureuse, et couper pour ainsi dire une partie des poumons avec une autre des intestins ou du foie, et croyant que cet ensemble de pièces formait un tout particulier, lui donner une seule appellation. Dans ce cas, elle n’aura donc point trouvé les véritables pièces qui composent le corps ou le Tout, et le rapprochement ou la comparaison des parties qu’elle a trouvées et auxquelles elle a donné des noms particuliers, ne saurait jamais, quoi qu’on fasse, conduire à la connaissance du Tout, si celui qui veut acquérir cette connaissance et qui est le philosophe, se borne a comparer ou a rapprocher ces pièces sans oser mettre en doute leur existence même.

Ces erreurs commises par le langage dans la division du Tout, sont évidemment plus graves que celles que commet une science particulière comme l’anatomie. qui peut se corriger, tandis que les premières troublent et bouleversent tout le savoir humain. Plus d’une fois sans doute, et même le plus souvent, ces fautes du langage cacheront quelque bonne et utile vérité, at-