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REMARQUES.

il n’y a plus d’extrêmes, et cette catégorie par conséquent n’a plus de valeur.

Nous voyons par cet exemple que l’une des catégories ou des mesures que nous voulions appliquer au monde, ne s’applique pas dans le même sens à tous les ordres de réalités. Il faut parfois changer sa signification, et même avouer, dans certains cas, sa complète insuffisance. Le langage n’en avait nul souci ; il croyait tenir une règle certaine, et la philosophie vient lui montrer qu’il n’en est rien. Et ce que nous disons d’une catégorie, nous pourrions le dire de toutes. Cela sans doute est bien t’ait pour nous effrayer ; et de même que la terre sur laquelle nous marchons nous paraît d’abord immobile, tandis que la science nous apprend plus tard qu’elle se meut, ainsi la logique nous fait voir que toutes les règles ou catégories dont, le langage croyait faire une mesure fixe et sûre, sont au contraire chancelantes dans nos mains, et au lieu de marcher sur la terre, nous voilà voguant sur les flots.

IV.

S’il nous faut, comme nous venons de le voir, mettre en doute la plupart des catégories, il en est deux cependant, celles de temps et d’espace, qui paraissent inébranlables. On sent, en effet, qu’elles dominent l’univers. Kant les appelait les formes de nos sensations, réservant le nom de catégories à ses (douze) formes de l’entendement. Mais puisque les sensations, selon lui, donnent à l’entendement ses matériaux, il aurait dû,