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REMARQUES.

plus que tout autre, reconnaître que le temps et l’espace sont des catégories primitives et fondamentales d’où procèdent toutes les autres. Car elles sont nécessaires, inévitables, et nous n’avons aucun moyen d’y échapper. Nous disons bien qu’au delà de l’espace et du temps il y a l’éternité, mais en réalité nous ne pouvons nettement comprendre, tant que nous vivons, cette idée de l’Éternel. Nous ne concevons bien que le temps et l’espace, que nous pouvons imaginer infinis, mais auxquels nous ne saurions nous soustraire. Nous ressemblons en ce point au ciron qui est né sur une feuille et qui ne sait point qu’en dehors de cette feuille sur laquelle il végète, il existe un autre monde.

Cependant, bien que nous ne puissions sortir, dans cette vie du moins, de ces deux catégories fondamentales, il nous est toutefois permis de pressentir qu’elles ne sont point le dernier mot ou les dernières formes de toute existence, puisque nous voyons déjà dans ce monde qu’une forme est d’autant plus parfaite qu’elle est moins soumise aux conditions de l’espace et du temps. Ainsi la plante est fixe sur le soi où elle croît, tandis que l’animal se meut à son gré ; et nos pensées, successives dans le temps, échappent aux lois de l’espace pour n’être soumises qu’à celles du temps.

Il semble, en effet, que l’espace soit plus matériel que le temps. On pourrait peut-être concevoir le développement de l’absolu ou de Dieu dans le monde sous la forme de ces deux catégories, comme décentralisation expansive dans l’espace et concentration intensive dans le temps. Car il faut bien le dire, le temps n’est