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REMARQUES.

et la question elle-même n’est pas moins difficile à poser. Car si, d’une part, le temps et l’espace sont non-seulement des catégories comme nous l’avons fait voir, mais de plus la source et le fondement de toutes les autres ; et si, d’autre part, notre entendement se compose nécessairement de catégories, on pourrait bien en conclure que les perceptions variées de nos sens sont la véritable cause qui fait que notre esprit procède par plusieurs catégories et non point par une seule, et que la langue n’a pas pu nous en donner d’autres que celles que nous connaissons. Dans le cas contraire, les sections ou coupes indiquées par le langage, rectifiées par la philosophie et faites pour étudier la courbure de la voûte ou du Tout que nous voulons connaître, ou en d’autres termes, les anses que la langue nous prête pour saisir l’absolu et qui nous sont devenues si familières, n’obtiendraient notre assentiment que parce que nous les connaissons et qu’elles ont déjà intéressé tous les hommes de tous les siècles depuis l’enfance du monde jusqu’à ce jour.

VI.

Il est vrai que si l’homme était absolu, comme le croyait peut-être Hégel, il ne débuterait pas forcément par l’empirisme en philosophie, c’est-à-dire par le temps et l’espace. Il exprimerait immédiatement et d’un seul mot la nature éternelle et inconditionnelle de l’absolu ou Dieu en dehors de l’espace et du temps. Ou plutôt il ne le dirait pas, car le langage est humain, et l’absolu,