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REMARQUES.

selon toute vraisemblance, n’a pas besoin du langage. D’où il suit que l’absolu ne pourrait pas non plus penser. Car l’antithèse entre l’Être et la pensée qui se traduit par la parole, ou entre ce que nous pensons et ce que nous sommes, existe bien en nous ; mais on ne saurait admettre en Dieu une semblable limite de l’Être, que l’on ne rencontre que dans l’homme, chez qui la circonférence de la pensée est plus grande que celle de l’Être.

Tous les systèmes de philosophie jusqu’ici ont fait de Dieu un Être pensant ; mais les principales objections élevées dans ces derniers temps contre les doctrines rationalistes en général, ont eu surtout pour objet d’établir que Dieu doit être considéré plutôt comme agissant que comme pensant. On a répété le mot des anciens philosophes que Dieu est agent : Deus est actus purus. Nous voyons là un légitime pressentiment de la nécessité d’élever Dieu au-dessus de la sphère de la pensée ou de l’entendement et de la science. Mais le côté défectueux de cette ancienne, définition de Dieu qu’on reproduit de nos jours, est de substituer la volonté ou l’une des facultés humaines à une autre, et de croire que cette volonté est adéquate ou conforme à la substance de Dieu. Il nous parait évident que cela ne répond pas au besoin que nous sentons de définir Dieu ; et si l’on veut absolument le définir d’un mot, il faudrait au moins dite qu’il est l’unité de l’Être, du Penser et du Vouloir, ou l’union de ces trois facultés en une seule. La perfection souveraine de Dieu doit être, en réalité, de ne pas exister comme un moi qui a hors de lui un