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REMARQUES.

déjà, mais a un degré inférieur, dans le cristal, plus élevé dans la plante, plus encore dans l’animal, et enfin dans l’homme au plus haut degré que nous le connaissions. Un seul morceau de fer ou de pierre pourrait donc aussi, mais avec encore moins de vérité, se dire un sujet, puisqu’il a pour centre la force de cohésion ; et l’on devrait dire qu’un morceau de bois enseveli depuis mille ans dans les ruines d’un château n’est pas encore mort, attendu que là où il y a cohésion et unité, la vie subsiste toujours. Il ne meurt qu’après s’être entièrement pourri, quoique, dans un autre sens, l’arbre dont il faisait partie fût peut-être mort depuis longtemps lorsqu’on l’abattit. Partout où il y a cohésion, il y a vie, système, unité. Ce papier est vivant jusqu’à ce qu’il soit pourri ; ceux qui l’ont fabriqué ont contraint sa force vitale à prendre cette nouvelle forme avant de s’évanouir. Deux morceaux de liège flottant sur l’eau, qui se rapprochent à cause de l’attraction qu’ils ont l’un pour l’autre, se font par là un centre commun vers lequel ils convergent et qui devient pour le moment un sujet dont ils sont les attributs. Ainsi, nous voyons partout un sujet, et pourtant l’homme lui-même n’est pas un sujet. Les derniers êtres comme les premiers, n’ont pas absolument le droit d’être appelés sujets, et n’en sont pas non plus absolument dépourvus ; car la distance immense, infinie, qui existe entre deux classes d’êtres, comme entre la vie de cohésion et la vie proprement dite, entre celle-ci et la vie intellectuelle qui commence dans l’homme, n’a sa source que dans une augmentation de centralité de plus en plus grande.